L’Etude d’Impact Environnemental et Social du projet CAMVERT indique que le Cameroun ambitionne à travers son plan d´industrialisation qui prend en compte le plan agro-industriel structurant notamment le « plan palmier à huile », de devenir le nourricier de l´Afrique Centrale et du Nigeria.
Dans le même ordre d’idées, la Stratégie Nationale de Développement (SND) considère le palmier à huile comme l’une des filières dont le développement est susceptible de contribuer à l’émergence du Cameroun à l’horizon 2035.
Malheureusement, depuis quelques années, le pays fait face à une carence en matières grasses, la production nationale ne parvenant plus à couvrir les besoins locaux, créant ainsi une balance commerciale déficitaire dans ce secteur d’activités.
Cette baisse de production oblige l’Etat à procéder à l’importation d’huile de palme brute. C´est dans ce sens que depuis trois ans, le Gabon est l’un des principaux fournisseurs de notre pays. Cette année 2021, les projections de ces importations indiquent un besoin net de 120 000 tonnes, du fait de l’insuffisance de la production locale.
C’est dans la perspective de contribuer à résoudre cette préoccupation du Gouvernement dans ce secteur que la société « CAMEROUN VERT» (CAMVERT) a entrepris il y a déjà quelques années, de créer un complexe agro-industriel de production et de transformation d’huile de palme dans les arrondissements de Campo et de Niété (Département de l’Océan, Région du Sud), qui couvre une superficie totale de 60 000 ha repartie en deux tenants (bloc 1 : 40 000 ha et bloc 2 : 20 000 ha). Le site du projet est assis sur la partie fortement dégradée de l’UFA 09 025, qui a fait l’objet d’un déclassement suivant le Décret N° 2019/4562 du 11 novembre 2019 portant déclassement d’une parcelle de forêt de 60.000 ha relevant du domaine privé de l’Etat.
Le choix du site du projet a été largement motivé par l’opportunité de se trouver dans une zone agro-écologique appropriée à la spéculation agricole concernée, la proximité du port en eau profonde de Kribi, les ambitions de s´engager dans la certification Roundtable on Sustainable Palm Oil (RSPO) qui vise une production durable du palmier à huile tout en réduisant la déforestation dont le niveau de dégradation de l’UFA ciblée se situe autour de 75% (Rapport Plan d´Aménagement UFA 09025, SCIEB 2004).
La structure économique du complexe agro-industriel comprend trois composantes principales intégrées :
- une plantation industrielle constituée à terme de 02 sites de pépinière d’une capacité de production de 600 000 plants par an et de 50 000 ha de palmeraie, l’ensemble associé à 5 000 ha de palmeraies villageoises et communautaires sous contrats, regroupées autour de sociétés coopératives à conseil d’administration ;
- les unités industrielles de première transformation pour la production à terme de 180 000 tonnes/an d’huile de palme brute et de 18 000 tonnes/an d’huile de palmiste ;
- les unités industrielles de deuxième transformation constituées d’une unité de savonnerie, d’une unité d’huilerie, d’une unité de seigneurie (peinture), d’une unité de plasturgie et d’une unité pour la transformation des produits cosmétiques, plutard.
A côté de ces principales composantes, des installations périphériques y seront greffées à savoir :
- une centrale de cogénération pour la production d’énergie (électricité et vapeur) ;
- une station de traitement des eaux usées provenant des unités de transformation ;
- une unité de production de l’engrais biologique ;
- une unité de valorisation de la biomasse (rebuts de déboisement et déchets des unités de transformation).
Dans le cadre de cette Etude d’Impact Environnemental et Social (EIES), les activités ayant fait l’objet d’une identification, analyse et évaluation des impacts se déclinent ainsi qu’il suit :
- la phase de développement de la plantation de 50.000 ha ;
- la phase de construction et exploitation ;
- la phase de cessation ou de renouvellement des activités.
Les autres composantes du projet non pris en compte par la présente étude feront l’objet des EIE complémentaires conformément à la règlementation en vigueur.
A la suite de l’approbation des termes de référence de ladite étude par le Ministère en charge de l’environnement suivant la lettre N° TR/0136/L/MINEPDED/CAB/CST du 30 juillet 2019, le bureau d’études GEOCONSULTOR, agréé suivant l’acte référencé A-EIE/AE N° 0018 du 29 octobre 2014, renouvelé le 07 octobre 2019 sous le N°A-EIES/AES N° 00018, a été désigné pour réaliser la présente étude.
L’approche méthodologique utilisée a consisté en la revue de toute la documentation relative au projet, aux enquêtes sur le terrain sur la base des interviews et des questionnaires auprès des autorités administratives, municipales, traditionnelles locales, ainsi que des populations riveraines, les consultations des parties prenantes à travers dix-neuf (19) réunions organisées à Kribi, Adjap et Campo, l’identification et l’évaluation des impacts potentiels à travers la méthode matricielle de Léopold et celle de Martin FECTEAU.
Les informations relevées ont été complétées par les données issues des discussions informelles et les observations directes sur le terrain.
L’évaluation environnementale menée avec la participation des différentes parties prenantes a mis en évidence de nombreux impacts sur les composantes environnementales :
Les principaux impacts positifs :
- la création des emplois et des activités génératrices de revenus (8000 emplois directs et 15000 emplois indirects) ;
- la réduction du déficit structurel en produits gras ;
- la promotion des activités du Mécanisme de Développement Propre (MDP) ;
- la contribution à l´économie locale et au budget de l´Etat ;
- le développement des infrastructures sociales de base ;
- le développement de la filière palmier à huile ;
- la consolidation du vivre ensemble ;
- la continuation des activités de la palmeraie et des huileries
- etc.
Les principales mesures de bonification :
- la priorité accordée à la main d´œuvre locale,
- la mise en œuvre de la méthode «HIMO»
- la construction de 100 forages ;
- la construction et aménagement de 3000 Km de pistes et routes ;
- l’appui à la construction de 10 écoles et 10 centres de santé ;
- l’appui à la mise en place de 5000 Ha de plantations individuelles, collectives et communales ;
- la construction du centre de formation des métiers de palmier à huile ;
- la réintroduction dans le process de l´eau issue de l´unité de traitement des eaux ;
- la promotion de l´économie locale ;
- l’ouverture des pistes, routes ou réhabilitation des voies existantes ;
- l’engagement dans la certification RSPO ;
- l’utilisation de l´excédent d´énergie pour l´approvisionnement des villages riverains ;
- la consolidation des acquis du projet de CAMVERT
- la prise des mesures consensuelles avec le personnel pour la préservation des emplois
- etc.
Un plan de gestion environnementale et Sociale (PGES) assorti du programme de surveillance et de suivi environnemental a été élaboré. Il en est de même des outils de contrôle et de surveillance.
Au terme de l’EIES le Certificat de Conformité ci-joint a été délivré à la société CAMVERT.